Il semble évident que les sciences humaines et sociales ont l?homme pour objet. Et pourtant, dans les années 1960, cette apparente tautologie a été mise à mal par Michel Foucault et, plus généralement, par les promoteurs du structuralisme.L'homme est-il le point aveugle des sciences de l'homme ? ». L?Homme, « l?homme tout entier » tend à se dissoudre dans des sciences humaines qui, sous le jeu de contraintes épistémologiques et institutionnelles, donnent l?image d?un territoire de plus en plus balkanisé. Mais, parallèlement, en dépit des doctrines de la « mort du sujet » qui ont marqué les années 1960-1970 et malgré les prétentions des sciences humaines  et sociales contemporaines à se défaire de la tradition philosophique, la question de l?unité de l?homme n?a pas disparu de leur questionnement.Peut-on dire que les sciences de l?homme ont, dans leur histoire, pratiqué un évitement de la question de l?Homme, et, si tel est bien le cas, jusqu?à quel point ce parti pris épistémologique est-il « tenable » ? Autrement dit, l?Homme, évincé par la porte, ne revient-il pas souvent subrepticement dans le débat par la fenêtre ? Portant sur l?éventuelle spécialisation de leurs objets, cette question pose aussi, de fait, celle de l?unité ou de l?éclatement des sciences humaines et sociales. Elle intéresse l?historien, le philosophe ou le sociologue des sciences humaines, mais aussi l'ensemble des praticiens de ces disciplines, régulièrement confrontés à des problèmes de « frontières » au c?ur des dynamiques de la recherche.